Journée internationale des droits de l’Homme : Esso-Dong KONGAH partage ses réflexions sur l’importance de cette journée et sur la situation actuelle des droits de l’homme au Togo
Esso-Dong Divin Aymard KONGAH, Juriste, Directeur Exécutif du CDFDH, était l’un des invités de l’émission spéciale D12 de Pyramide FM consacrée à la journée internationale des droits de l’homme le 8 décembre 2024. C’était l’occasion pour lui de partagé ses réflexions sur l’importance de cette journée et sur la situation actuelle des droits de l’homme au Togo.
Esso-Dong Divin Aymard KONGAH, Juriste, Directeur Exécutif du CDFDH, était l’un des invités de l’émission spéciale D12 de Pyramide FM consacrée à la journée internationale des droits de l’homme le 8 décembre 2024. C’était l’occasion pour lui de partagé ses réflexions sur l’importance de cette journée et sur la situation actuelle des droits de l’homme au Togo.
L’importance de la journée des droits de l’homme :
Cette journée est importante pour au moins deux raisons selon Esso-Dong. Il dit d’abord que la première raison, c’est que « lorsque nous parlons des droits humains, c’est simplement ces prérogatives là sans lesquelles nous ne pouvons pas vivre de façon digne en tant qu’être humain et pour cela non seulement à l’occasion de cette journée mais chaque jour nous devons nous y intéresser« .
Il insiste ensuite pour parler de la deuxième raison sur la nécessité de faire un bilan régulier de la situation des droits humains, d’évaluer les progrès et les défis, et de se demander où nous en sommes au regard des idéaux que nous visons et des engagements pris par l’État.
Les droits de l’homme et la dignité humaine :
Pour le Directeur du CDFDH , le concept de dignité humaine est intrinsèquement lié aux droits de l’homme. Priver un individu de ses droits revient à le priver de sa dignité.
Il explique que les droits humains sont des prérogatives sans lesquelles nous ne pouvons pas vivre de façon digne en tant qu’être humain. « Que ce soit le responsable de partis politique, le journaliste, l’acteur de la société civile, l’enseignant, le médecin ou même la revendeuse dans le marché de Tcharkpanga, nous avons tous ces droits là qui sont inhérents à notre personne humaine« .
Il met l’accent sur l’interdépendance des droits humains et la difficulté de les hiérarchiser. Selon lui, l’urgence accordée à certains droits peut varier en fonction du contexte et des besoins spécifiques d’une société.
Les droits civils et politiques, et les droits économiques, sociaux et culturels sont liés !
Esso-Dong met en avant le lien étroit entre les droits civils et politiques et les droits économiques, sociaux et culturels, affirmant que les premiers sont souvent un prérequis pour la réalisation des seconds.
Il explique que la lutte contre la corruption et la participation citoyenne, rendues possibles par le respect des droits civils et politiques, sont cruciales pour une allocation équitable des ressources et la mise en œuvre effective des droits économiques, sociaux et culturels. En somme, il plaide pour une libération des droits civils et politiques afin de créer un environnement propice au développement et au bien-être de tous les citoyens.
La corruption et son impact sur les droits de l’homme:
Esso-Dong met en lumière dans son propos le lien étroit entre la corruption et la violation des droits humains aussi bien les droits économiques, sociaux et culturels que les droits civils et politiques.
Il explique que « la corruption détourne les ressources publiques qui devraient être allouées à la réalisation de ces droits« , comme l’accès à la santé, à l’éducation et à l’eau potable.
En effet, la corruption a, comme le dit les Nations Unies, « un effet dévastateur sur les institutions publiques et sur la capacité des États à respecter, protéger et réaliser les droits de l’homme, en particulier ceux des personnes et groupes en situation de vulnérabilité et de marginalisation ».
La responsabilité de l’État et des autres acteurs vis à vis des droits humains :
Esso-Dong affirme que « l’État est le principal débiteur d’obligation en matière de droits humains« . Cette affirmation s’appuie selon lui sur le fait que les sources internationales des droits humains, notamment les conventions sont ratifiées par les États, et placent l’État au centre de la protection des droits de ses citoyens.
Il détaille d’ailleurs les trois obligations clés de l’État en matière de droits humains à savoir :
- Respecter qui signifie que l‘État ne doit pas entraver l’exercice des droits humains par les individus.
- Protéger qui implique que l’État doit s’assurer que des tiers (individus ou organisations) ne violent pas les droits des citoyens.
- Mettre en œuvre qui veut dire que l‘État doit créer les conditions nécessaires à l’exercice des droits humains par tous, sans discrimination.
Il souligne toutefois la responsabilité croissante des entreprises multinationales, des citoyens et des organisations de la société civile. Selon lui de par leur influence grandissante, notamment dans les pays en développement, les multinationales ont un rôle important à jouer en matière de droits humains. Les conditions de travail et de recrutement dans ces entreprises sont des points de vigilance par exemple mais aussi la protection de l’environnement.
Chaque citoyen a aussi la responsabilité de respecter les droits des autres, en appliquant le principe « ma liberté s’arrête là où commence celle des autres » et à promouvoir et défendre les droit des autres.
Les défenseur.e.s des droits humains et les organisations de la société civile ont aussi un rôle crucial à jouer en dénonçant les violations, en faisant pression sur les autorités et en accompagnant les victimes.
Préoccupations principales en matière de droits humains au Togo :
Esso-Dong, intervenant sur Pyramide FM, exprime plusieurs préoccupations concernant la situation des droits humains au Togo. Il met en lumière l’espace civique restreint, la corruption et les défis liés au système judiciaire.
Un espace civique en danger : il s’inquiète de la restriction croissante de l’espace civique au Togo. Il pointe du doigt les difficultés rencontrées par les citoyens pour exercer leur droit à la liberté de réunion et de manifestation pacifique. Il s’inquiète également les obstacles à la liberté d’association, notamment la difficulté d’obtenir des récépissés pour les associations, bloquant ainsi leur capacité d’action.
La corruption, un fléau persistant : La corruption est une autre préoccupation majeure pour Esso-Dong. Il la décrit comme un obstacle à la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels, car elle détourne les ressources publiques qui devraient être allouées à des secteurs essentiels comme la santé et l’éducation.
Un système judiciaire qui fait face à des défis importants : Esso-Dong se préoccupe en s’inspirant des recommandations des mécanismes internationaux adressées au Togo ces dernières années des détentions préventives prolongées, l’absence de jugement dans des délais raisonnables et le manque de progrès dans les enquêtes sur des allégations de torture. Il mentionne également des cas d’impunité où des auteurs de violations des droits humains passée n’ont pas été traduits en justice.
L’application Xonam, une solution numérique pour rapprocher les défenseur.e.s des citoyens :
Pour répondre aux besoins des citoyens et être plus proche d’eux, Esso-Dong mentionne l’initiative du CDFDH qui a lancé l’application mobile « Xonam ».
Cette application permet aux citoyens de signaler les violations des droits humains et de solliciter l’aide du CDFDH.
En conclusion, la participation d’Esso-Dong à l’émission D12 a permis de mettre en lumière les défis auxquels le Togo est confronté en matière de droits humains et l’importance de l’engagement de tous les acteurs pour garantir le respect de la dignité humaine.