Femmes et défense des droits de l’Homme
Le rôle des défenseurs des droits de l’Homme (DDH) est important dans la promotion et la protection des droits de l’Homme. Parmi ces défenseurs, il y a des femmes engagées pour qui le développement et l’avancée de leur continent passent, inexorablement, par un plein et entier respect des droits de tout un chacun. Dans la continuité de sa mission qui est de former et d’accompagner les DDH, le Centre de Documentation et de Formation sur les Droits de l’Homme (CDFDH) compte pleinement sur ces femmes et soutient leur engagement.
Madame Reine ALAPINI-GANSOU, rapporteure spéciale sur les défenseurs des droits de l’homme en Afrique, définit une femme DDH comme « toute femme engagée, individuellement ou en association avec d’autres, dans la promotion et la protection des droits de l’homme et toutes celles qui travaillent pour les droits des femmes et les droits liés au genre, à la sexualité, quelle que soit leur orientation sexuelle ». Le travail des femmes défenseures des droits de l’Homme n’est pas évident sur le terrain dans un contexte africain où le rôle de la femme est encore mitigé et s’appuie encore fortement sur l’intendance du foyer. Malgré les initiatives prises pour faire face aux violations qu’elles subissent, il existe un certain nombre de pratiques discriminatoires, des inégalités, des abus et des violences qui rendent difficile, voire de nul effet, le rôle des femmes défenseures des droits de l’homme dans la promotion et la protection des droits de l’homme sur le continent africain et en particulier au Togo.
Madame Michèle AGUEY, Secrétaire générale du Groupe de Réflexion et d’actions Femme, Démocratie et Développement (GF2D) et également membre du Panel Watch, explique que « les difficultés rencontrées par les FDDH peuvent être classées en deux catégories. La première est liée aux difficultés que peuvent rencontrer à la fois les hommes et les femmes défenseurs tels qu’un environnement défavorable et un cadre légal inadapté. La deuxième catégorie est liée aux questions de genre ; les femmes défenseures sont souvent confrontées à des situations de rejet, des cas de discriminations et de divers abus ». Pour Martine LARBLI LENE KANGANE, point focal du CDFDH en matière des droits de l’Homme à Dapaong, « les femmes défenseures sont mal vues par la société. Elles ne sont pas souvent acceptées et écoutées par les hommes qui pensent n’avoir rien à apprendre d’elles ».
Malgré toutes les difficultés rencontrées lors de leur mission, les femmes défenseures ne cessent d’agir pour impacter le monde et contribuer à son changement. Les résultats sont bien visibles ; une prise de conscience de plus en plus croissante de l’existence des droits humains et des textes qui protègent ces droits et surtout un regain de confiance de ceux dont les droits ont été piétinés. Ces résultats sont aussi possibles grâce « à l’énergie dont les femmes disposent et leur capacité à être empathique et à calmer, de ce fait, les ardeurs en amenant les gens à comprendre » explique Diane LOKOU, point focal du CDFDH en matière des droits de l’Homme à Kara. Pourtant, bon nombre de femmes défenseures désertent et finissent par se désengager lorsqu’elles font face aux discriminations et aux difficultés sur le terrain. Madame AGUEY encourage ces femmes, et toutes les femmes en général, et rappelle que « défendre les droits de l’homme est d’abord un sacerdoce qui demande un engagement total ; engagement qui peut bouleverser toute une vie s’il n’y a pas une bonne organisation. Ensuite, la défense des droits de l’Homme n’est pas une question de genre mais la croyance dans une cause ». Allant dans le même sens, Rachelle BOYINDJO, point focal du CDFDH en matière des droits de l’Homme, affirme que ce travail de défense des droits de l’Homme n’est pas dédié exclusivement aux hommes et peut être tout aussi bien fait voire mieux par les femmes.
Tout défenseur des droits de l’homme doit pouvoir comprendre et défendre la question de l’égalité de genre, le principe de l’égalité faisant partie intégrante des droits humains. La différence de sexe ne doit pas être un handicap. Pour Diane LOKOU, elle doit plutôt être « une opportunité pour les femmes de prouver qu’elles peuvent participer efficacement à la défense des droits de l’homme au Togo et mener des actions qui font avancer la situation des droits de l’Homme au Togo ».
En tant que mère et éducatrice, la femme est dans une position qui lui permet de faire de notre société, un cadre dans laquelle les droits de chacun sont respectés. Il est donc nécessaire que le gouvernement fournisse un environnement propice aux femmes défenseures des droits de l’homme et établisse des mécanismes de protection efficaces pour faciliter leur travail.